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Les récits/romans du travail - Las narrativas del trabajo -


6.12 >> 16 :00 -
Le rêve collectif présente un centré sur sa recherche actuelle sur les recits/romans et leur élaboration à partir de moyens technologiques. Dans cette perspective, nous avons concentré notre recherche sur trois aspects qui peuvent être résumés ainsi :
1. Subjectivité, regard et cartographies du corps
2. Evolution des représentations du travail et utopies technologiques. 3. Production matérielle et production immatérielle, positions des genres dans le contexte du travail.
4. Cyberféminisme et politiques de l'identité.

S'il est certain que les progrès technologiques et les réseaux de télécommunications favorisent un modèle de travail basé presque exclusivement sur le traitement de l'information, notre réflexion doit commencer par s'interroger sur la complexité de la remarque suivante : " Comment ces changements affectent-ils les relations sociales étant donné que la production immatérielle ne peut cesser d'être un processus social ? "
Notre recherche est centrée sur ce point d'inflexion. Nous observons donc que le travail immatériel constitue donc un noeud (et à la fois l'interface) de la nouvelle relation entre production et consommation.
" Le travail immatériel régit et organise la relation production/consommation. L'activation, tant de la coopération productive comme de la relation sociale avec le consommateur, se concrétise dans et par le biais du processus de communication. Le travail immatériel innove continuellement sur la forme et les conditions de la communication (et par conséquent du travail et de la consommation). Il façonne et concrétise les nécessités, l'imaginaire, les goûts du consommateur et ces produits deviennent à leur tour de puissants produits de nécessité, d'imaginaire, de goûts. La particularité de la marchandise produite par le travail immatériel est qu'elle ne se détruit pas au cours de l'acte de consommation, mais plutôt qu'elle agrandit ,transforme et crée l'environnement idéologique et culturel du consommateur. Elle ne reproduit pas la capacité physique de la force de travail mais transforme son utilisateur. "
Mauricio Lazzarato, "El "ciclo" de la producción inmaterial" (Le "cycle" de la production immatérielle), Derive Approdi 4, printemps 1994.

EL SUEÑO COLECTIVO (LE RÊVE COLLECTIF) Le rêve collectif est un projet de réflexion, utilisant texte et matériel audiovisuel, pour s'interroger sur la façon dont nos corps sont transformés en valeur économique, dans l'espace public et les institutions du capitalisme tardif postfordien. Cette transformation ne résulte pas seulement des nouvelles conditions de travail, mais aussi de l'instrumentalistion de notre temps de loisirs qui est transformé en production par la consommation et la fétichisation du désir : en fusionnant l'objet-marchandise et le regard de marchines-désirantes, nous sommes chosifiées et réintroduites dans le cycle de consommation et de passivité, avec une douceur qualifiée par Benjamin de "rêve collectif" qui nous paralyse et cache les antagonismes et les différences derrière l'apparence de l'homogénéité du désir oedipien, de la beauté stéréotypée, du modèle familier, du loisir conventionnel, etc.
Le projet est bâti autour de divers axes intersectés, chaque axe fournissant le contexte historique nécessaire et capable de produire du sens en lien avec les autres et avec les espaces publics privatisés et les espaces domestiques étudiés : corps/regards; travail/non-travail et loisirs/consommation. Le projet développe le concept de travail, en suivant de près les théories actuelles sur le genre et le féminisme politique.

A partir du Programme de la vidéothèque
>>Films (1ère partie)
- Virginia Villaplana Anonymous film portrait (Portrait filmé anonyme),2001, Espagne, 10 min. NB.
Rencontre entre la poète anarcho-syndicaliste Lucía Sánchez Saornil (Madrid 1895 -Valence 1970, fondatrice du mouvement libertaire féministe "Mujeres Libres", et América Barroso. Panoramas de cinéma quotidien placés en dehors du paradis urbain parisien au début du XXème siècle.
- Sally Gutierrez Tell (purple),
- Sadie Benning Girl Power (1ère partie). 1992, USA, video,15 mn.
Mis en musique par Bikini Kill (un groupe de musiciennes de Washington). Les années 90, "riot grrrl", avec l'histoire de sa propre révolte contre les institutions et les stéréotypes, la cinéaste rejette l'image de la soumission polie, en faveur d'une indépendance radicale et de l'auto-détermination sexuelle.

>>Films (2ème partie)
-Fritz Lang Metropolis., 1926, 90 mn. Metropolis, la ville et l'ordre. L'élite mène une existence tranquille pendant que le reste de la population travaille pour elle dans la ville souterraine, opérant d'énormes machines. Une idylle entre Marie, pour la justice sociale, et le fils du maître, contrée par un robot qui échappe au maître et à la science.

>>Films (3ème partie)
-Trinh T. Minh-ha. Surname Viet, Given Name Nam. 1989 , USA , 109 mn, Colour. A lyrical and skilfully constructed filmed essay on the repression of women in Vietnamese society. It focuses on aspects of Vietnamese culture as seen through the history of women's resistance in Vietnam, the oral tradition, images promoted by the media and the lives and visions of Vietnamese women.
-María Ruido, La memoria interior. 2002, Spain, 32min
Sur le thème de la mémoire et des mécanismes de production de l'histoire, un voyage en Allemagne et un récit personnel et familial sur l'immigration, en réaction à l'histoire officielle. Réflexion sur la politique de l'Etat espagnol des années 60 et 70, la récupération des "corps" et de leurs travaux, l'oubli et les souvenirs.
-Trinh T. Minh-ha, Surname Viet, Given Name Nam. 1989 , USA
Un essai sur la répression des femmes dans la société vietnamienne,. le film est centré sur la culture vietnamienne vus au travers de l'histoire de résistance des femmes, la tradition orale, les images encouragées par les media ainsi que la vie et les regards des femmes vietnamiennes.

>>Films (4ème partie)
-Lizzie Borden, Born in flames (Née des flammes). 1983, USA, 90 mn
Un classique du cinéma féministe. La révolution en Amérique n'a pas amélioré la situation des femmes, et les femmes révolutionnaires prennent les armes contre le gouvernement et envahissent la chaine CBS.
Chris Cunningham, All is Full of Love (Tout est amour), 2000, 5’

>>Films,(5e partie)
-Mamoru Oshii, Ghost in the Shell, Japon, 82’
Et si le cerveau d’un cyborg pouvait générer à lui seul une âme, et si cela arrivait, quel serait alors le privilège de l’être humain

El sueño colectivo: Montse Romani , Maria Ruido , Virginia Villaplana Ruiz
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>>> Reportage & traces :
[ " Les textes sont présentés sous forme de lecture par trois lectrices :
A. : la chômeuse
B. : la télé-travailleuse
C. : la travailleuse salariée (en dehors de la maison)
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A. : les mythes fondateurs de la société occidentale ont participé à la construction de l’image que nous nous faisons des femmes et de leur place dans le monde du travail.
L’Iliade et l’Odyssée nous montrent une figure féminine très intéressante : la « tisseuse » …
Pénélope et Hélène sont des tisseuses dont le travail est « invisible », sans fin …
Les femmes utilisent le tissage comme un outil de communication qui est déterminé par le « genre ».
C. : fin 2001 : 2.900.000 chômeurs en Espagne dont 60% de femmes Le chômeur type espagnol : une femme 25-34 ans, qui a terminé les primaires et qui cherche un emploi administratif depuis moins de 3 mois.
Le temps partiel est moins important en Espagne que dans d’autres pays européens ; la travailleuse n’en veut pas ; cette forme de travail perpétue l’inégalité.
L’Espagne avec la Belgique pénalise sévèrement le refus de travail des chômeurs.
A. : je suis une jeune chômeuse ; entre les 14 et 23 ans, j’ai eu plusieurs emplois qui n’avaient rien à voir avec mes désirs profonds ou l’utopie de vie que j’avais rêvée. (bibliothécaire, serveuse, …)
J’ai découvert les 3 journées de travail :
1. la journée de travail précaire : pour se nourrir
2. la journée de travail intellectuel : apprentissage et création
3. la journée de travail à la maison : m’occuper de mon père malade
C. : j’ai 30 ans, je suis universitaire ; à 18 ans je vivais dans le contexte d’une nouvelle démocratie et j’ai étudié les Beaux Arts ; à l’ heure d’entrer dans le marché du travail je me suis heurtée à une réalité difficile, à un monde dominé par les hommes (critique d’art)
B. : je travaille à la maison (télé-travailleuse à temps partiel) ; je fais la cuisine, je balaie, je lave, je rédige mes rapports, je lis mon courrier …
Mon travail est invisible ; je ne suis pas reconnue ; c’est un travail flexible obligatoire
On ne fait plus de différence entre : privé/public, esprit/corps, nature/culture
On appelle « féminisation du travail » le contrôle du travail par les NTIC (précarisation, flexibilité)
L’absence de contrôle des femmes sur les processus technologiques bien qu’elles en soient les utilisatrices principales est impressionnant.
A. : Utopie : l’utopie du travail serait la négation des conditions de travail des travailleuses telles qu’on nous les montre et la construction de nouvelles formes de visibilité de ce travail.
B. : j’assouplis mes horaires et conditions de travail au point d’adopter le travail comme mode de vie ; le travail est privatisé ; et pourtant nous sommes cyber - féministes ! Nous construisons des réseaux pour ne pas rester isolées.
C. : le free-lance :
La discrimination de genre : les chefs sont des hommes ; si c’est une femme, elle exerce le pouvoir sur le modèle masculin.
Le travail de la femme , même après des études supérieures reste discriminé : discrimination horizontale (occupations déterminées) ; discrimination verticale (hiérarchie) et salaires inférieurs.
Questions :
- Qu’est ce que le cyberféminisme ???
- On échappe à notre corps ? (au déterminisme biologique ?)
- On utilise les technologies pour améliorer la situation de la femme ? " ]

Mathilde, if3


Cet article a été écrit par El sueño colectivo {eltiempogratis@yahoo.es} le 12/12/2002